Avec la Renaissance, les échecs
évoluent vers un aspect plus compétitif. Les règles accélèrent la marche, des
tournois sont organisés, des stratégies développées, des champions révérés.
C'est à partir du 19e siècle que se met en place le jeu
moderne. Doté de structures d'encadrement, il devient parfois un véritable
enjeu géopolitique... jusqu'au moment où les machines surpassent les champions.
Dans le courant du Moyen Âge,
les aspects proprement techniques du jeu d'échecs n'évoluent guère. Malgré un
effort de réflexion théorique certain, malgré la compilation de traités et de
recueils de problèmes, les parties demeurent lentes et longues, les pièces
ayant toutes sur l'échiquier une valeur plus faible que de nos jours. La
dimension symbolique du jeu semble rester plus forte que sa dimension
véritablement ludique.
Les choses changent dans la
seconde moitié du 15e siècle. En quelques décennies, sous
l'influence de théoriciens espagnols et italiens, se met en place le jeu
moderne, peu différent désormais (sinon tactiquement) de celui qui est le nôtre
aujourd'hui. Plusieurs pièces voient leur marche se modifier, notamment la
reine, qui au lieu de se déplacer d'une case en une case, peut désormais
traverser l'échiquier dans toutes les directions. Sa force devient
considérable. Le fou et la tour accroissent également la leur. Le jeu se
transforme profondément, les parties deviennent plus dynamiques, le nombre des
pratiquants augmente. À partir du 16e siècle, des compétitions
sont organisées, de véritables joueurs professionnels apparaissent, la
littérature échiquéenne devient prolifique. Les Européens peuvent enfin tenir
tête aux champions musulmans.
Reflétant ces mutations, les
pièces se transforment également. Elles deviennent plus maniables, plus fines,
plus hautes, ce qui permet de diminuer la taille des échiquiers. Si les règles
ne changent plus, le jeu continue d'évoluer tactiquement. Au début du 18e siècle,
les joueurs ne pensent qu'à gagner par échec et mat ; les parties sont alors
très agressives et passionnantes. C'est en vainquant le champion de l'époque
devant Louis XV à Versailles que Philidor (1726-1795) – alors âgé de 10 ans ! –
entre dans l'histoire des échecs. Son Analyse des échecs révolutionne
le déroulement tactique des parties : les pions acquièrent sur l'échiquier une
importance stratégique considérable. Pour le champion français, « les
pions sont l'âme de ce jeu ».
Vers 1740, le café de la Régence
à Paris est le théâtre des plus belles parties d'échecs où Philidor croise
Diderot. Pendant la Révolution, Robespierre ou Camille Desmoulins viennent y
jouer. L'activité échiquéenne du café de la Régence ne s'arrêtera que vers
1920.
source la BNF