Les jardins d’amour sont un sujet populaire dans l’art de la fin du Moyen Âge, en particulier dans la gravure. Parmi les premiers graveurs, il y a même un maître des jardins d’amour. Le « Maître E. S. », du nom de son monogramme, actif dans la région du Rhin supérieur, fut l’un des artistes les plus originaux et les plus productifs de la gravure sur cuivre au XVe siècle. Ses cinq représentations finement pointillées de scènes d’amour sont caractérisées par un traitement ironique et des références à des folies amoureuses. Ici, trois jeunes couples élégants et habillés à la mode s’amusent dans un jardin bordé d’une balustrade à gauche et d’un banc de pelouse à l’arrière. Toutes les postures et tous les mouvements semblent exagérément ornementés et étalés. Derrière les joueurs d’échecs au milieu se trouve un pommier, une allusion à la chute d’Adam et Eve au paradis. Les motifs érotiques du couple de gauche sont plus clairs : alors qu’elle regarde les cadeaux, la bague et le collier de perles, avec plaisir, il les a embrassés ; Sa dague se dresse entre ses jambes et montre son désir. La jeune femme de droite, vêtue d’une robe de traîne et d’un bonnet ailé, lit une lettre d’amour, mais l’imbécile aux yeux louches, excité, lui touche déjà les fesses. La figure du fou représente le désir débridé - et en même temps l’avertissement de ne pas « se ridiculiser » en matière d’amour. La chouette sur la balustrade à l’arrière-plan, qui est aveugle à la lumière mais voit d’autant mieux la nuit, n’est pas ici un symbole de sagesse, mais de péché. L’idéal de l’amour courtois est cité - mais dans le sens d’une critique satirique. Des artistes tels qu’Albrecht Dürer ont ensuite repris le sujet vers 1500 avec des avertissements moraux plus clairs (cf. inv. n° A 3425, A 3426). [HMK] Exposition : « Albrecht Dürer et Lucas van Leyden. Art et Vie autour de 1500«, 2015/16
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